Sélection des matières premières

Un produit cosmétique est beaucoup plus que la somme de ses matières premières, et c’est tout notre art de la cosmétique. Mais il est étroitement dépendant de ses matières constitutives, il bénéficie de leurs qualités comme il est pénalisé par leurs défauts.

La sélection des matières premières est primordiale. Elle passe par leur connaissance approfondie qui repose principalement sur les données transmises par leurs fournisseurs, impliquant la fiabilité des données comme celles des fournisseurs eux-mêmes.

La norme ISO 22716/2008 invite à auditer les fournisseurs, nous recommandons cette Bonne Pratique de Fabrication et qu’elle soit suivie du rejet sans concession des fournisseurs opaques ou qui occultent à dessein des informations objectives qui les pénaliseraient.

Avant de nous lancer dans une formulation nouvelle, sélectionnons nos matières premières sur leurs caractéristiques et sur la véracité de celles-ci. Evitons par exemple de mettre en oeuvre, du jus d’aloe vera, de l’hydrolat de rose, du macérât de pâquerette, de l’extrait de grenade ou un colorant liquide, sans nous être assurés que ces matières sont exempts d’additifs pudiquement tus  : conservateurs, régulateurs de pH, antioxydants … . Assurons nous de même de l’absence d’impuretés dites techniques. Recherchons les traces de substances interdites (Annexe II) et traquons les substances règlementées (Annexe III) pour vérifier qu’elles sont bien dans leur fenêtre de tolérance.

Bâtissons ainsi nos “DIP” le plus tôt possible, et commençons à rédiger la partie A du rapport sur la sécurité, qui s’appelle “fdh” chez nous, mais qu’on peut trouver aussi sous le nom “sra” chez des confrères.

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Rejetons d’office les matières premières controversées ou en passe d’être sévèrement réglementées, nous protégeons ainsi autant la santé de nos consommateurs que celle de notre business. L’Observatoire de cosmétiques a publié en septembre 2017 une “black list”, pertinente mais non exhaustive, la voici mise à jour :

  • Méthylisothiazolinone
  • Méthylchloroisothiazolinone
  • Benzophenone-3
  • BHA
  • BHT
  • Butylparaben
  • Propylparaben
  • Cyclotetrasiloxane
  • Cyclopentasiloxane
  • Ethylhexyl methoxycinnamate
  • Triclosan
  • Butylphenyl methylpropional (marque déposée : Lilial)
  • Vetiveryl acetate
  • Nano titanium dioxide
  • Nano zinc oxide
  • Nano carbon black
  • Nano methylene bis-benzotriazolyl tetramethylbutylphenol
  • Nano hydroxyapatite
  • Nano silices
  • Phenoxy ethanol
  • Polyaminopropyl biguanidine
  • Polyethylene microbilles
  • Paraphenylenediamine
  • Sodium lauryl sulfate
  • Ammonium lauryl sulfate
  • Arbutine
  • Dichloromethane
  • Ortho-phenylphenol

La liste de l’Observatoire des cosmétiques compte une ligne de plus, que nous avons délibérément soustraite : les allergènes à mentionner en étiquetage, improprement qualifiés d’allergènes étiquetables. Nous ne partageons pas l’ostracisme qui frappe ces 25 allergènes, alors que tant d’autres ont été laissés dans l’ombre. Leur mention en étiquetage est un avertissement au consommateur, que celui-ci soit déjà sensibilisé à l’allergène ou qu’il veuille échapper au risque de sensibilisation. Les mettre à l’index est jeter un discrédit sélectif sur ces  7 composés synthétiques et ces 18 molécules d’origine végétale. Parmi ces dernières se trouvent des substances précieuses en cosmétique et parfumerie comme le citral, le géraniol, le limonène ou le linalol, dont il serait dommage de se priver et qui signent souvent la naturalité du cosmétique.

A propos de naturalité, notons que la “black list” ne cite explicitement qu’une substance naturelle d’origine végétale, l’arbutine, contre une vingtaine de substances obtenues par voie de synthèse ou par hemi-synthèse.

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Mais, que vous soyons adeptes de la cosmétique naturelle, ou que nous ne discriminions pas nos matières premières sur ce critère, soyons extrêmement vigilants sur nos approvisionnements de matières premières :

  • cahier des charges précis, ou spécifications du fournisseur agréées,
  • sélection du fournisseur sur dossier et visite, voire audit,
  • documentation sans faille, pour un “DIP” complet puis un “CPSR” impeccable,
  • vigilance à chaque réapprovisionnement,
  • mise en concurrence plutôt que fidélité aveugle.

On ne construit rien de bon avec de mauvais matériaux. Plagions l’entrepreneur belge qui a pris pour slogan “Les bons matériaux font les bonnes maisons” en concluant : “Les bonnes matières premières font les bons cosmétiques”.

PS : Critiques, propositions de corrections et toutes autres observations sont bienvenues pour améliorer cet article en partage.